mai 98 |
La découverte
de la lettre CYRIL H. NICOLAS
P.
Jimmy était en classe. Mais au fait, connaissez-vous Jimmy ? Il est Ovillois. Il est premier en gymnastique, deuxième en électricité. Il a 9 ans. Il était en train de rêver quand la maîtresse interrompit son rêve : "Jimmy, tu auras comme devoir un exposé sur Victor Schoelcher et les esclaves. Je t'ai choisi car ton père est Martiniquais et ta mère Guadeloupéenne." Lorsque la cloche sonna, Jimmy courut chez lui
pour trouver des documents sur les esclaves. Arrivé dans sa maison,
Jimmy monta dans son grenier et, pendant qu'il cherchait, un vieux coffre
tout rouillé, poussiéreux et plein de toiles d'araignées
attira son attention. Il souleva le couvercle et découvrit
un vieux livre qu'il ouvrit à une page quelconque. Il y avait une
lettre qui était écrite par son arrière-arrière-grand-père,
s'adressant à son fils. La lettre disait
![]() Jimmy pensa que cette lettre serait un élément important pour son exposé.
Il continua à explorer son grenier. Jimmy
souleva une couverture et découvrit une sorte de jeu vidéo
que l'on trouve dans les cafés. La machine était bleue et
verte avec un écran et plein de boutons. Jimmy était bouche-bée,
il ne s'attendait pas à trouver un tel objet dans sa maison. Il
décida de jouer et s'installa face à elle. La machine lui
demanda alors de taper une date. Ce qu'il fit : il tapa machinalement 1848
car c'était le sujet de son exposé ! Tout à coup,
alors qu' il appuyait sur le bouton rouge marqué "DEMARRER ", la
machine et Jimmy disparurent dans un fracas épouvantable.
Les lumières s'éteignirent brusquement,
la machine stoppa. Jimmy en sortit. Dehors, il faisait nuit, il avait très
mal à la tête et était très fatigué.
Il perçut une odeur qu'il n'avait encore jamais sentie dans son
grenier mais qui lui rappelait ses vacances à la campagne avec ses
grands-parents. Il se demanda où il était et comment il allait
manger puis dormir car il avait faim et sommeil. Tout en se posant plein
de questions, il se dit qu'il valait peut être mieux commencer par
cacher la machine. Il la dissimula sous des feuillages. Puis il se mit
en route sans savoir où il allait. Il marcha longtemps et arriva
dans un village. Il choisit une cabane, entra par la fenêtre et mangea
un morceau de pain. Il s'endormit en pensant que ce n'était qu'un
cauchemar et qu'il y verrait plus clair demain matin.
Aïssata ne savait pas quoi répondre car c'était évident pour elle ; elle répondit tout de même : -"Bah ! bah ! dans la plantation !" Mais Jimmy changea de conversation et lui demanda : - Comment t'appelles- tu ? - Aïssata, et toi ? - Jimmy - Mais en fait Jimmy, d'où viens-tu ?
Jimmy dit:
- Effectivement, répondit Aïssata, quand je vois tes habits je me dis que nous devons venir de deux mondes bien différents ! Es-tu le fils du maître ? - Le maître ? Le maître de quoi ? - Houlala !! Tu n'es pas d'ici toi ! Je crois que je vais t'apprendre des choses ... Et maintenant qu'on se connait un peu mieux je vais te raconter ma vie d'esclave. Quand j'étais bébé, un homme avec un filet, est venu nous capturer, mes parents et moi, en Afrique. On nous a mis dans un bateau négrier. Dans le bateau nous étions enchaînés, des hommes blancs sont venus nous marquer au fer rouge. - C’est quoi le fer rouge ? L’interrompit Jimmy. - Le fer rouge, c’est un bâton de fer avec un motif qui désigne les initiales du maître. On le met dans le feu, puis quand il est chaud on nous marque la peau avec. Mais pour revenir à mon histoire, après un long voyage, le bateau s'est arrêté. On m'a forcée à me séparer de mes parents car je n’avais pas le même signe qu’eux, on m'a déposée sur le quai où d'autres hommes blancs nous attendaient. J'imagine que le bateau est allé plus loin et, qu'à nouveau, il s'est arrêté pour déposer mes parents dans une plantation voisine. Moi, j'étais avec plein d'enfants qui pleuraient. Le soir venu on m'a mise dans une cabane où plein d'enfants étaient réunis. Aujourd'hui, on dort sur des paillasses et nous sommes recouverts de vieux draps. Les rats mangent notre peu de nourriture et boivent notre eau. Le jour sur la plantation de canne à sucre je travaille dur : quand je fais quelque chose de mal, on me fouette de plusieurs coups de fouet. Quand on me punit, on me met une sorte de muselière sur le visage pour m'empêcher de manger ou on me met les pieds dans des pieux. Quelque fois, le maître m'appelle à son service pour lui faire du vent avec une espèce de plume et servir à manger à sa famille. - Ben dis donc, elle est dure ta vie. Vas-tu à l'école ? S'inquiéta Jimmy. - Hein ? C'est quoi l'école ? Demanda Aïssata. - C'est là où on apprend des choses, à lire et à écrire par exemple, répondit Jimmy. - Non je ne connais pas. - Pourquoi ne t'enfuis-tu pas ? S'étonna Jimmy. - Bah non !T'es fou ou quoi ! Je n'ai pas le droit, sinon gare à
moi ! S'exclama Aïssata.
Jimmy dit alors : "Tu n'as vraiment pas de chance mais je sais quelque chose qui va te donner du courage pour la suite." En effet Jimmy se mit à évoquer Schoelcher devant Aïssatta . Il lui expliqua qu'il y avait un homme nommé Schoelcher qui se battait pour l'abolition de l'esclavage, il lui expliqua encore qu’en 1848, Schoelcher était sous secrétaire d'Etat à la marine. Jimmy ajouta que dans son époque, on allait fêter le 150 ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage. Or s'il avait bien calculé, demain le décret serait signé et écrit par le gouvernement. Jimmy ajouta encore que Schoelcher viendrait dans cette plantation de canne à sucre pour expliquer sa loi. Le lendemain, tous les esclaves de la plantation
redevinrent enfin libres. Aïssatta monta dans une barque et en chemin
retrouva ses parents qui furent très contents de la revoir. Pour
Jimmy, ce fut le temps de repartir...
Jimmy partit retrouver la machine qui se trouvait
dans la forêt à côté des plantations de canne
à sucre. Il eut du mal à la retrouver car elle était
bien cachée. Elle était camouflée par des pommes de
pain, des branches, et des feuillage. Il mit sa ceinture, programma la
date 1998 et appuya sur le bouton "DEMARRER".
- Oh ! je l'ai tellement bien fait qu'on s'y croirait !" Puis ils mangèrent tranquillement.
Après avoir dîné, ce fut l'heure de se coucher. Quand
son père vint pour lui dire bonne nuit, Jimmy lui dit à l'oreille
: "Elle est bien ta machine ! ..."
Ils eurent alors un regard complice. Le lendemain, ils
détruisirent la machine. L'après-midi la maîtresse
avait déjà corrigé les exposés et lui donna
la meilleure note de toute la classe.
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