ACTE II
Scène 1 
(Jimmy) 

Jimmy  

Se parlant à lui même et se frottant la tête 

Ouille ! J’ai mal à la tête !  
Oh, mais ... Oh là là, que je suis fatigué. Il bâille. 
Qu’est-ce que c’est que cette odeur ? Elle me rappelle mes vacances à la campagne chez papy et mamie.  

Regardant autour de lui. 

Il n’y a personne ici, en tous cas pas autour de moi. Mais où suis-je ? 
J’ai faim, très faim et sommeil, très sommeil. 

Pensif, la main sur la tête. 

Bon, Jimmy, commence par cacher la machine puis, mets-toi en route, tu finiras bien par rencontrer quelqu’un. 

Après avoir marché longtemps. 

Enfin, voilà un village. Tiens, une cabane avec une fenêtre ouverte, je vais y entrer et manger le bout de pain que j’aperçois là-bas. 
Chouette, il y a beaucoup de paille ici, je vais me faire un endroit pour dormir. 

Il se fabrique un lit de paille, s’y couche et, épuisé, s’endort en disant tout bas. 

De toute façon, ce n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller et j’y verrai plus clair demain matin... 
  
 

Scène 2
(Jimmy, Aïssata)
 

La scène se passe dans une cabane sur une botte de paille. Le jour se lève. Une petite fille noire arrive en chantant avec un gros balluchon sur le dos. Elle voit le jeune garçon endormi et s’approche de lui. 

Aïssata 

Oh ! Que fait ce garçon ici ? Il est bizarrement habillé. Je n’ai jamais vu quelqu’un  
vêtu ainsi. 

Elle le touche. 

Il faut que je fasse attention sinon je vais le réveiller. 

Un instant plus tard. 

Jimmy 

Se réveillant et s’étirant, puis sursautant en voyant la petite fille. 

Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi ne suis-je pas dans ma chambre ? Maman va être en colère. 
Que portes-tu sur le dos ?  

Aïssata 

Bah ! Bah ! De la canne à sucre... 

Jimmy 

Pensant et s’adresssant aux spectateurs à voix basse. 

Je commence à comprendre...J’ai tapé cette date, 1848, sur la machine. Ensuite il m’est arrivé quelque chose d’étrange ! Hier, j’ai cru que je faisais un mauvais rêve, mais est-il possible que je me trouve au temps des esclaves ?... 
Il vaut peut-être mieux que je ne dise rien cela risque de la troubler. 

Aïssata 

Au fait, comment t’appelles-tu ?  
 

Jimmy 

Je m’appelle Jimmy et toi ?  

Aïssata 

Aïssata. Mais Jimmy d’où viens-tu ? Et comment es-tu arrivé là ? 

Jimmy 

Je ne sais pas trop... Hier, j’étais tranquillement chez moi à Houilles. 
Apparemment ta vie doit être bien différente de la mienne... 

Aïssata 

Effectivement, quand je vois tes habits, je me dis que nous devons venir de deux mondes bien différents. Es-tu le fils du maître ? 

Jimmy 

étonné 

Le maître ? Le maître de quoi ? 

Aïssata 

Se moquant gentiment. 

Houlala ! Tu n’es pas d’ici toi ! Je crois que je vais t’apprendre des choses... 
Maintenant que l’on se connaît un peu mieux je vais te raconter ma vie d’esclave : 
quand j’étais bébé, un homme blanc avec un filet est venu me capturer, mes parents et moi en Afrique. 
On nous a mis dans un bateau négrier. Dans le bateau, nous étions enchaînés, des hommes blancs sont venus nous marquer au fer rouge. 

Jimmy 

C’est quoi le fer rouge ? 

Aïssata 

Montrant son bras marqué. 

Le fer rouge, c’est un bâton de fer avec un motif qui désigne les initiales du maître. On le met dans le feu, puis quand il est chaud, on nous le pose sur la peau pour nous marquer. 
 

Jimmy 

Ecarquillant les yeux. 

C’est pas vrai ? Ca doit faire trop mal ! 

Aïssata 

En tous cas, ça ne fait pas du bien ! Mais pour revenir à mon histoire, après un long voyage, le bateau s’est arrêté. On m’a forcé à me séparer de mes parents car je n’avais pas le même signe qu’eux. 

Aïssata soupire en se souvenant de cette mésaventure. 

On m’a déposée sur le quai où d’autres hommes blancs nous attendaient. J’imagine que le bateau est allé plus loin et qu’à nouveau, il s’est arrêté pour déposer mes parents dans une plantation voisine. 
Moi, j’étais avec plein d’enfants qui pleuraient. Le soir venu, on m’a mise dans une cabane où plein d’autres enfants étaient réunis. 
Aujourd’hui, on dort sur des paillasses et nous sommes couverts de vieux draps. 

Jimmy 

Pas de chance ! Ca ne doit pas être très confortable ! Tu n’as pas froid la nuit ? 

Aïssata 

Au début oui, mais maintenant j’ai l’habitude. 
Les rats mangent notre peu de nourriture et boivent notre eau. 

Jimmy 

Bah ! Alors, c’est pour qui tout ça ? 

Il montre, un peu en colère, la canne à sucre entassée. 

Aïssata 

C’est pour le maître !  
Le jour sur la plantation, je travaille dur : quand je fais quelque chose de mal, on me fouette de plusieurs coups de fouet. Quand on me punit, on me met une sorte de muselière sur le visage pour m’empêcher de manger ou on me met les pieds dans les pieux. 

Jimmy 

indigné 

Quoi ? Je n’y crois pas ! C’est horrible !  

Aïssata 

Ce n’est pas tout... Quelque fois, le maître m’appelle à son service pour lui faire du vent avec une espèce de plume et servir à manger à sa famille. 

Jimmy 

Ben dis donc, elle est dure ta vie. Vas-tu à l’école ? 

Aïssata 

surprise 

Hein ? C’est quoi l’école ? 

Jimmy 

C’est là où on apprend des choses, à lire et à écrire par exemple. 

Aïssata 

Non, je ne connais pas. 

Jimmy 

Pourquoi ne t’enfuis-tu pas ? 

Aïssata 

Houlà... T’es fou ou quoi ? Je n’ai pas le droit, sinon gare à moi ! 

Jimmy 

Tu n’as vraiment pas de chance ! Mais je sais quelque chose qui va te donner du courage pour la suite. 

Aïssata 

Ah ! bon, quoi ? 

Jimmy 

Tu sais il y a un homme nommé Schoelcher qui se bat pour l’abolition de l’esclavage. Cet homme est sous-secrétaire d’Etat à la marine. Là d’où je viens, on fête le 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage, et si je calcule bien, demain le décret sera signé par le gouvernement.
Scène 3
(Schoelcher, des membres de la commission pour l’abolition)
La scène se passe lors d’une scéance de la commission d’élaboration du décret d’abolition de l’esclavage. 

Un membre de la commission 

Comme vous le savez, le débat d’aujourd’hui porte sur l’abolition de l’esclavage. 

Schoelcher 

Mon projet est d’abolir l’esclavage car des millions d’enfants, de femmes et d’hommes sont touchés par cette pratique qui pour moi est une grave atteinte aux droits de l’homme. 

Quelques heures plus tard. 

Un membre de la commission 

Le décret étant signé par tous les membres du gouvernement, je laisse maintenant la parole à Monsieur Victor Schoelcher. 

Schoelcher 

Je suis très content que ce projet ait abouti et j’espère qu’il ne sera jamais remis en cause. 

 Scène 4
(Des esclaves, Aïssata, Jimmy, Schoelcher)
Dans la plantation, des enfants, des femmes et des hommes sont heureux d’être affranchis. Ils chantent, dansent, crient : nous sommes libres, vive Schoelcher. 
Parmi eux, Aïssata retrouve, par hasard, ses parents qui sont très contents de la revoir. 

Pendant ce temps dans un coin de la scène : 

Schoelcher 

« Disons-nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la terre, l’asservissement de cet homme sera une injure permanente faite à la race humaine tout entière. » 

Jimmy 

Ah ! C’est bien beau tout ça, mais il est temps de repartir... 

  


  

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