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Jimmy Se parlant à lui même et se frottant la tête Ouille ! J’ai mal à la tête !
Regardant autour de lui. Il n’y a personne ici, en tous cas pas autour de moi. Mais où
suis-je ?
Pensif, la main sur la tête. Bon, Jimmy, commence par cacher la machine puis, mets-toi en route, tu finiras bien par rencontrer quelqu’un. Après avoir marché longtemps. Enfin, voilà un village. Tiens, une cabane avec une fenêtre
ouverte, je vais y entrer et manger le bout de pain que j’aperçois
là-bas.
Il se fabrique un lit de paille, s’y couche et, épuisé, s’endort en disant tout bas. De toute façon, ce n’est qu’un cauchemar, je vais me réveiller
et j’y verrai plus clair demain matin...
La scène se passe dans une cabane sur une botte de paille. Le jour se lève. Une petite fille noire arrive en chantant avec un gros balluchon sur le dos. Elle voit le jeune garçon endormi et s’approche de lui. Aïssata Oh ! Que fait ce garçon ici ? Il est bizarrement habillé.
Je n’ai jamais vu quelqu’un
Elle le touche. Il faut que je fasse attention sinon je vais le réveiller. Un instant plus tard. Jimmy Se réveillant et s’étirant, puis sursautant en voyant la petite fille. Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi
ne suis-je pas dans ma chambre ? Maman va être en colère.
Aïssata Bah ! Bah ! De la canne à sucre... Jimmy Pensant et s’adresssant aux spectateurs à voix basse. Je commence à comprendre...J’ai tapé cette date, 1848,
sur la machine. Ensuite il m’est arrivé quelque chose d’étrange
! Hier, j’ai cru que je faisais un mauvais rêve, mais est-il possible
que je me trouve au temps des esclaves ?...
Aïssata Au fait, comment t’appelles-tu ?
Jimmy Je m’appelle Jimmy et toi ? Aïssata Aïssata. Mais Jimmy d’où viens-tu ? Et comment es-tu arrivé là ? Jimmy Je ne sais pas trop... Hier, j’étais tranquillement chez moi
à Houilles.
Aïssata Effectivement, quand je vois tes habits, je me dis que nous devons venir de deux mondes bien différents. Es-tu le fils du maître ? Jimmy étonné Le maître ? Le maître de quoi ? Aïssata Se moquant gentiment. Houlala ! Tu n’es pas d’ici toi ! Je crois que je vais t’apprendre
des choses...
Jimmy C’est quoi le fer rouge ? Aïssata Montrant son bras marqué. Le fer rouge, c’est un bâton de fer avec un motif qui désigne
les initiales du maître. On le met dans le feu, puis quand il est
chaud, on nous le pose sur la peau pour nous marquer.
Jimmy Ecarquillant les yeux. C’est pas vrai ? Ca doit faire trop mal ! Aïssata En tous cas, ça ne fait pas du bien ! Mais pour revenir à mon histoire, après un long voyage, le bateau s’est arrêté. On m’a forcé à me séparer de mes parents car je n’avais pas le même signe qu’eux. Aïssata soupire en se souvenant de cette mésaventure. On m’a déposée sur le quai où d’autres hommes
blancs nous attendaient. J’imagine que le bateau est allé plus loin
et qu’à nouveau, il s’est arrêté pour déposer
mes parents dans une plantation voisine.
Jimmy Pas de chance ! Ca ne doit pas être très confortable ! Tu n’as pas froid la nuit ? Aïssata Au début oui, mais maintenant j’ai l’habitude.
Jimmy Bah ! Alors, c’est pour qui tout ça ? Il montre, un peu en colère, la canne à sucre entassée. Aïssata C’est pour le maître !
Jimmy indigné Quoi ? Je n’y crois pas ! C’est horrible ! Aïssata Ce n’est pas tout... Quelque fois, le maître m’appelle à son service pour lui faire du vent avec une espèce de plume et servir à manger à sa famille. Jimmy Ben dis donc, elle est dure ta vie. Vas-tu à l’école ? Aïssata surprise Hein ? C’est quoi l’école ? Jimmy C’est là où on apprend des choses, à lire et à écrire par exemple. Aïssata Non, je ne connais pas. Jimmy Pourquoi ne t’enfuis-tu pas ? Aïssata Houlà... T’es fou ou quoi ? Je n’ai pas le droit, sinon gare à moi ! Jimmy Tu n’as vraiment pas de chance ! Mais je sais quelque chose qui va te donner du courage pour la suite. Aïssata Ah ! bon, quoi ? Jimmy Un membre de la commission Comme vous le savez, le débat d’aujourd’hui porte sur l’abolition de l’esclavage. Schoelcher Mon projet est d’abolir l’esclavage car des millions d’enfants, de femmes et d’hommes sont touchés par cette pratique qui pour moi est une grave atteinte aux droits de l’homme. Quelques heures plus tard. Un membre de la commission Le décret étant signé par tous les membres du gouvernement, je laisse maintenant la parole à Monsieur Victor Schoelcher. Schoelcher Je suis très content que ce projet ait abouti et j’espère qu’il ne sera jamais remis en cause. Parmi eux, Aïssata retrouve, par hasard, ses parents qui sont très contents de la revoir. Pendant ce temps dans un coin de la scène : Schoelcher « Disons-nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la terre, l’asservissement de cet homme sera une injure permanente faite à la race humaine tout entière. » Jimmy Ah ! C’est bien beau tout ça, mais il est temps de repartir...
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